A VOIR : LA POSSONNIERE- ÉPIRÉ - LA ROCHE-AUX-MOINES - BÉHUARD - LOMBARDIERESDIAPORAMA
L'immeuble situé à l'angle de la rue Duboys d'Angers et de la rue des Perrières (rue Monsailler).
Nous avons commencé une recherche sur l'histoire de l'immeuble et nous avons aujourd'hui pu remonter jusqu'en 1783.
Voici les actes que nous avons trouvés à partir du 9 juin 1783.
Acte de partage de Me Dertron, notaire à Savennières : 6 lots (6 enfants) fait par Jeanne Boistault, veuve Boisdauffré. L'un des enfants, Nicolas Boisdauffré, reçoit la partie boutique avec forge de taillandier (artisan qui fabrique des outils à tailler pour charpentier, menuisier, charron, etc.). Au Nord de la maison, un jeu de boules est signalé. 25 floréal an XIII (1806).
Acte de vente de M. Oger de Saint-Georges/Loire : Aime et son frère Nicolas Boisdauffré à Jacques Pineau, tonnelier et à sa femme Claire Bourigault qui font reconstruire la 2e maison formant angle. 28 avril 1821.
Acte de vente de Me Lebiez de Savennières : les époux Pineau-Bourigault à : d'une part René-Pierre Chevallier, jardinier, et Anne Jacquine Richou, son épouse, et d'autre part à Etienne Bouet, charron et Renée Bricard, son épouse. Le jeu de boules cité ci-dessus est devenu une cour.
,Acte de vente de Me Hervé de Savennières le 30 septembre 1852 : les époux Chevalier-Richou à Jacques Chevallier, boulanger et Marie-Modeste Hermelin, sa femme. À cette époque, les époux Deffay, locataires, tiennent une épicerie dans la maison formant l'angle.
Acte de vente de Me Bizard à Angers le 9 juillet 1872 : Mme Marie-Modeste Hermelin, veuve de Jacques Chevallier d'Angers et ses filles à Jean-Louis Boulard, tonnelier et aubergiste, et Marie-Louise Beloin, sa femme.
La Mère Boulard a tenu cette auberge à Savennières. Sa fille se souvient bien de cette époque, elle nous apporte son témoignage. L’arrière-grand-père Boulard aurait tenu le bar de « La Fraternelle », société de jeu de boules de fort qui, je crois, devait se trouver du côté du clos Sicot (jeu autorisé par arrêté préfectoral du 22 mars 1900).
Le père Boulard a été appelé sur le front à la guerre 14/18, c'est mon grand-père et ma mère qui se sont alors occupés de l'auberge. Jean Boulard, tonnelier-aubergiste, qui, en 1872, fit l'acquisition des lieux et y transporta son activité.
L'agrément de la Préfecture est daté du 16 juillet 1873 : «Vu la demande formée par le sieur Boulard Jean tonnelier et débitant de boissons à Savennières à l'effet d'obtenir l'autorisation de transférer son établissement dans une autre maison du bourg, l'autorisation est accordée sous la condition qu'il se conformera rigoureusement aux lois et règlements de police applicables aux débits de boissons » Le décret du 29 décembre 1851 et l'instruction ministérielle du 2 janvier 1852 laissent à penser que Jean Boulard était, depuis cette date, autorisé à tenir un débit de boissons, mais à ce jour, on ne connait pas l'endroit.
« Avant la dernière guerre, le village était beaucoup plus animé que maintenant.
Au XIXe et à la première moitié du XXe siècle, les promeneurs du dimanche, les vacanciers, et autres touristes viennent déjà, nombreux, visiter le bourg et se détendre sur les bords de la Loire.
Le bourg de Savennières est à cette époque beaucoup plus vivant qu'aujourd'hui.
De 1900 à 1950, presque tous les corps de métiers sont représentés. Il existe alors de nombreux commerçants et artisans qui, depuis, ont presque tous disparu . Le réseau routier s'améliore, mais on peut dire qu'il est encore, début XXe siècle, peu roulant et l'automobile presque inexistante. Et ce, jusqu'en 1936, les voyageurs prennent le bateau à vapeur Ville d'Angers au pied du château d'Angers ; certains descendent à la Pierre-Bécherelle (proche de la fontaine Guénette) où l'on a implanté un genre de « petite guinguette» . Mme Dialan y sert de la friture (son mari est pêcheur). D'autres descendent au quai situé sur la Guillemette, en bas de la Roche-aux-Moines, au « Petit-Port » (où était installé le café Cady), les uns à destination de Savennières réputé pour ses vignobles, son église et la pêche dans le bras de la Guillemette, et les autres à destination de Béhuard dont tout le monde connaît les célèbres pèlerinages.
Le chemin de fer offre une autre possibilité avec deux trains (parfois plus) au départ d'Angers dans la matinée pour venir, et deux dans la soirée pour rentrer. Certains trains ne s'arrêtent qu'à La Possonnière. Un voiturier de Rochefort, M. Beillet, qui possède un genre de petit car, fait le taxi. M. Marmotte, hôtelier au « Lion d’Or » à Savennières, prendra la suite.
Les auberges et cabarets se sont naturellement créés au centre même du village de Savennières, rue du Bourg, depuis appelée rue Duboys d'Angers et place de l'Eglise. Il y avait le café-restaurant « Le Lion d’Or » que tenait M. Crossonneau sur la rue Duboys d'Angers et, près de l'Église, le café « Marcet » rue Monsallier avec tonnellerie, « Le Café Gravouille » place de la Mairie , le café-restaurant « Au bon coin » que les gens appelaient plus familièrement « Chez la Mère Boulard ».
Elle était café, restaurant, hôtel, pension de famille et parfois lieu de réunion.
Elle assure les cérémonies, les banquets, les bals,les concerts, le cinéma. Elle est, après la guerre, très fréquentée, « Nous recevions régulièrement 50 à 60 personnes le dimanche, souvent plus.» Nous avions aussi nos habitués, ceux qui venaient prendre leur apéritif, un verre après la journée de travail, faire la partie de carte, jouer au billard, et, également, les habitués du dimanche : les gens de la campagne arrivaient soit à vélo, soit en carriole.
Pendant que les dames endimanchées allaient à la messe, les messieurs (comme presque partout) se retrouvaient au café pour y faire la coinchée . Mme Bougère, propriétaire du château de La Guerche venait dans sa voiture à cheval. Son cocher l'attendait pour repartir.
Nous participions à la vie de la commune, par exemple, il nous arrivait de prêter la salle de bal pour diverses occasions : la fête des prix des écoles lorsqu'il pleuvait, les bals des fêtes populaires, un opérateur de cinéma d'Angers projetait un film.
Deux fois par mois, exceptionnellement, elle servait pour des réunions. Je me souviens qu'une année, on avait eu une crue énorme. M. du Clozel, alors maire, avait fait venir le « Génie » pour évacuer les bêtes de Béhuard. Nous avons logé les hommes pendant une semaine dans notre salle de bal. Un camion leur apportait de quoi se restaurer.
Servait de débit de boissons. Je revois les 7 tables rectangulaires avec leurs chaises, sur la droite, le comptoir à l'arrière duquel se trouvaient des étagères avec des bouteilles de toutes les formes, ornées d'étiquettes bigarrées, et sur le côté, un billard.
Dans la grande salle de restaurant, nous avons reçu parfois plus de 100 personnes, surtout pour des repas de mariage. Il nous fallait démonter le billard russe pour faire de la place. Derrière, il y avait une grande salle de danse ; suite au bar, rue Monsallier, la cuisine avec une cuisinière à charbon, une cuisinière au gaz, une énorme cheminée où nous faisions cuire les rôtis et autres viandes grillées.
Mon père y avait lui-même installé l'eau courante grâce à une pompe placée sur un puits situé au fond de la salle de danse.
Venait ensuite une grande pièce avec d'énormes buffets qui contenaient la vaisselle.
C'est là que nous mangions.
Un très bel escalier de pierre desservait les niveaux.
Nous avions 6 chambres dans lesquelles mon père avait installé un lavabo avec l'eau courante. Par contre, nous devions monter l'eau chaude pour la toilette. Pour chauffer les chambres, on faisait du feu dans les cheminées ; il y avait aussi des poêles, les messieurs montaient les paniers de bois. En plus de ces pièces, il faut ajouter la cave et au-dessus une salle pour l’école de musique que mon père dirigeait. Après la mort de ma mère, la maison a été vendue. Nous l'avons rachetée en 1968. On a alors détruit la cave et la salle de musique, et pris la salle de bal pour créer un garage de réparation de voitures.
« Nous étions fiers de recevoir des gens de la haute société parisienne. À leur arrivée, comme tous les clients, ils devaient déclarer leur identité sur un livre de police (les gendarmes passaient régulièrement et signaient ce registre). J'ai malheureusement brûlé ce livre dans un accès de mauvaise humeur contre une personne à qui je voulais le donner et qui me l'a refusé. Je regrette mon geste aujourd'hui, car j'ai oublié la plupart des noms de ces gens-là.
Certains faisaient partie de l'Académie Française, d'autres étaient des chercheurs. C'étaient des amis qui formaient un cercle de gens cultivés et appartenaient à l'association des Angevins de Paris.
Certains m'ont laissé un exemplaire de leurs ouvrages : « Les laudes du cabaretier Quillet » par Henri Longnon et préfacé par Jacques de Saint-Germain, « l’Almanach de St-Germain-des-Prés », par une vingtaine d'écrivains, « l’Anthologie du Sacavin », corrigé et annoté par Marc Leclerc, « Poètes angevins d’aujourd’hui » par Marc Leclerc.
Lucien Quillet et ses amis passaient assez régulièrement et, en particulier, au moment où l'on goûtait le vin nouveau. Ils arrivaient à Angers par le train « express » du vendredi soir, prenaient l'omnibus pour La Possonnière où le taxi du voiturier Beillet les attendait. Ils dînaient d'un pot-au-feu, accompagné, évidemment, d'un vin de Savennières. Au petit déjeuner, ils dégustaient des rillettes et des rillauds chauds de chez Mme Leduc, charcutière, un peu plus haut dans la rue Monsallier, et ensuite... ils allaient faire le tour des caves.
Pour le midi, nous leur servions une soupe de pot au feu avec du pain dedans, du saumon ou du brochet au beurre blanc, puis encore un rôti et un dessert maison. Les discussions étaient fort animées, chacun donnait ses impressions et ses préférences pour telle ou telle bouteille, on comparait avec les années précédentes, on composait des menus, ces messieurs étaient de fins gourmets.
Enfin après toutes ces élucubrations, ça se terminait toujours par des chansons telles que : « Vive l’Anjou » de Verrier, « La fillette d’Anjou » chanson populaire, « La brise d’Anjou » dédiée à Robert Cointreau et autres chansons à boire de nos auteurs angevins. Lucien Quillet et d'autres faisaient partie de la « Confrérie des Sacavins ».
Nous avons aussi eu comme pensionnaires M. Gaquerel, un avocat de Paris et M. Garban, un officier du cadre noir de Saumur, tous deux, des amis de Quillet ; cas rare, un préfet dont je ne me souviens plus du nom ; également M. Dervieu, grand médecin à Paris qui venait régulièrement. D'ailleurs, sa fille Louisette fut baptisée à Savennières. Ce fut une belle cérémonie. L'un de ses amis, peintre, avait reproduit le clocher de Savennières sur toutes les boites de dragées (j'en ai conservé une pendant longtemps).
M. Quillet était originaire de Savennières. Sentant venir la vieillesse, il décida de rentrer au pays chez sa cousine qui possédait une maison sur le Mail, construite dans les anciens jardins du presbytère. Malade, il choisit de devenir pensionnaire au restaurant de la Mère Boulard.
Ma mère le soigna du mieux qu'elle put. Il a été enterré dans le cimetière de Savennières. »
Il était le chef de la Société de Musique, « il avait aménagé dans une de nos dépendances une salle de musique pour les répétitions.» A l'occasion de la Ve fête nationale des vins de France, le 4 juillet 1937, M. Albert Lebrun, Président de la République, n'avait prévu qu'un court arrêt à Savennières pour saluer les autorités. Il arriva de Rochefort. Les gens, tassés les uns contre les autres sur le carrefour de l'église, crièrent « Vive le Président Lebrun ». Mon père, qui dirigeait la fanfare, a demandé à ses musiciens de s'installer sur la petite place (près du clocher).
D'autorité, avant que le Président ne remonte dans sa voiture, il fit jouer l'air de la Marseillaise que tout le monde reprit en chœur. M. Lebrun dut respectueusement attendre la fin de la partition pour poursuivre son chemin, mais avant, il serra chaleureusement la main de tous les musiciens. »
Lancer un objet destiné à atteindre un but dont l'emplacement a été au préalable convenu ou même désigné par le hasard peut paraître un geste primitif. Il est certain que les jeux de boules font partie des plus anciens jeux inventés par l'homme. Progressivement, au fil des siècles, leurs règlements se sont adaptés à l'évolution des sociétés. Notre boule angevine est-elle un pur produit de l'évolution de notre région ? Nous ne connaissons pas aujourd'hui l'origine exacte du jeu de boule de fort.
Certains aimeraient croire en des légendes : l'une d'elles désignait les mariniers de Loire comme inventeurs parce qu'ils jouaient à la boule dans le fond de leurs bateaux ; une autre raconte que des employés à la construction de la levée de la Loire passaient leurs loisirs à jouer à la boule dans les tranchées faites pour extraire la terre destinée à remonter les rives.
Les boules provenaient de roulements à billes en bois de cormier appartenant à un des mécanismes de fonctionnement des moulins à vent si nombreux à cette époque-là dans la région. Ce jeu apparaît au siècle dernier en Anjou. Il apparaît également, à la même époque en Angleterre où on joue en plein air sur un terrain de type pyramidal (quelquefois plat) établi souvent dans des parcs municipaux.
La boule est un peu plus petite, mais lestée, ressemblant comme une sœur à notre boule de fort. Dans le Sud de l'Angleterre, ce jeu a beaucoup de succès et les associations y sont nombreuses. Nos sociétés de boules de fort sont pour la plupart très anciennes et chacune, à sa façon, fête son quatre-vingtième ou centième anniversaire ou plus encore.
Chaque société reflétait un caractère propre : politique, confessionnel, professionnel, géographique ; ainsi en témoignent leurs noms : l'Union, la Concorde, la Bonne Tenue, La Fraternelle, La Paix, La Bonne Alliance, L'Avenir, le Rivage, etc. Elle est curieuse, cette boule de fort, maintenant en plastique, pesant 1,3 kg, ovoïde avec un côté faible aplati et un côté fort rond comme un roulement à billes et cerclée de fer. Le terrain (23 m sur 6 m) est presque toujours couvert. Sa forme incurvée, aujourd'hui bétonnée, est recouverte d'un mélange de résine et de liège, résistant et de peu d'entretien.
Ce jeu exige une bonne condition physique et une grande capacité de concentration.
Les temps ont changé : l'automobile, la télévision, les loisirs et les vacances ainsi que la libération de la femme ont fait évoluer les mentalités et les règlements. La boule de fort est devenue un véritable sport qui ouvre maintenant grandes ses portes à la jeunesse et aux femmes.
Phénomène sportif, social, culturel, elle peut être pratiquée par tous et fait partie de notre patrimoine.
Monique Clavreul
La première assemblée générale de la Concorde, réunion constitutive, a lieu le 14 janvier 1900 à "une heure du soir" dans la salle provisoire des séances sous la présidence de Pierre Forestier, président provisoire.
Il y a 26 membres fondateurs, 25 sont présents. Le maire, Étienne Martin, est élu président d’honneur, et le Bureau constitué comme suit
Première décision de l'assemblée
Les cotisations.
Le droit d'entrée pour les membres fondateurs et pour les membres qui pourront être admis à la réunion générale du 28 Janvier 1900 est fixé à 15 F. La somme est considérable, elle représente le prix de quinze bouteilles du vin blanc le plus cher vendu à la Concorde. La cotisation trimestrielle est fixée à 1f50. Qu'importe, les candidats sociétaires affluent et en fin d'année, l'effectif est de 100 sociétaires, plus 8 stagiaires (de 16 à 21 ans) et 15 sociétaires extra-muros.
En cette année 1900, huit assemblées générales ont été nécessaires pour constituer les règles essentielles de la société. À chaque fois, les membres sont "convoqués par lettre à domicile". L'argent rentre bien ; en mai, il est décidé d'acheter un billard, en décembre de construire un jeu de boules couvert qui va coûter plus de 5000 F. Il est toutefois projeté de faire un emprunt auprès des sociétaires par bons de 100 F.
Le 28 Janvier 1900, un bail est signé pour une durée de 20 ans.
Le propriétaire se nommait Henri Desbois. Il possédait tout le périmètre situé entre la rue du Hallay, la rue de la Motte, la rue du Canal et la Villa Marinette, à une exception près. Cette exception concernait la maison qui se nommera plus tard : "Cercle de la Concorde". Il l'avait vendue, en 1882, au docteur Boutillier de Saint-André qui exerçait à cet endroit. L'emplacement loué pour 20 ans à la Concorde se situait à une dizaine de mètres, en limite de la propriété "villa Marinette". Il se constituait d'un bâtiment récent avec sortie côté canal et d'un terrain, à l'arrière, qui va servir à la construction du jeu de boules.
En 1901, quatre assemblées générales sont organisées, une par trimestre. À l'une d'elles, il y a quatre-vingt-cinq membres présents, de quoi faire rêver les présidents d'aujourd'hui qui n'en dénombrent qu'à peine la moitié au cours de l'assemblée générale annuelle.
À cette époque, les moyens employés pour remplir la salle des réunions étaient très persuasifs. Tout sociétaire absent à l'assemblée générale de janvier qui n'a pas l'excuse "d'être empêché par maladie ou par enterrement d'un proche" doit acquitter une amende de 2 F ; 0 F 50 par absence aux autres réunions annuelles. La méthode devient expéditive quand, "après deux convocations successives et pas de présence, l'exclusion est prononcée ".
Le Bureau disposait de toute une panoplie de mesures destinées à faire régner la discipline et amener de l'argent dans la caisse. C'est ainsi que "les membres s'absentant pendant les réunions sont mis à l'amende de 25 centimes". Au décès d'un des leurs, les sociétaires doivent assister à l'enterrement sous peine d'amende de 2 F, l'appel des sociétaires a lieu à la sortie du cimetière. Le jour de la sépulture, tous les jeux sont suspendus jusqu'à l'issue de la cérémonie".
Autre mesure : les sociétaires ne doivent pas amener des non sociétaires sous peine d'amende. Une exception est faite en faveur des membres de la société concurrente : "un sociétaire de la Concorde peut amener un ou plusieurs sociétaires de la Fraternelle sans amende (Société sise rue Beausoleil). La dérogation n'était peut-être pas innocente, les membres de l'autre société pouvaient être de futurs sociétaires. Les sociétaires extra-muros ne sont pas considérés comme sociétaires à part entière. La délibération les concernant est la suivante : la société a décidé d'agréer comme membres extra-muros, les étrangers qui en feront la demande. Ces membres paieront une entrée de 5 F et la cotisation. Ils n'auront pas voix dans les délibérations de la société. (Les sociétaires d'Epiré et de Béhuard sont des extra-muros, des étrangers). Toujours en 1901, le président d'honneur, Étienne Martin, maire, fait voter une proposition stipulant que le président de la Concorde ne soit pas élu deux années de suite pour laisser à ce président une plus grande liberté d'agir, justifie-t-il.
Toujours est-il que quatre ans plus tard, sans que la décision soit abrogée officiellement, le président élu en 1905, le sera durant vingt ans. En 1902, le docteur Boutillier décède. Ses deux fils, qui habitent Angers, louent leur immeuble à la Concorde qui de ce fait, se retrouve avec deux bâtiments séparés : le jeu de boules construit en 1900 et l'immeuble actuel.
Un bureau de durée exceptionnelle. En 1905, Jules Meslet est élu président.
Il est artisan menuisier, rue du Puits-Gautier. Il sera réélu durant vingt ans, jusqu'en 1925. Louis Veaux, artisan serrurier, rue René Benoist, est vice-président également en 1905. Il sera réélu à cette fonction jusqu'en 1926, date à laquelle il remplacera Jules Meslet à la présidence. Il assurera cette nouvelle charge jusqu'au début de 1944, année où il manifestera le désir de se retirer. Il aura participé à la vie de la Concorde pendant 38 années. Le secrétaire, François Lherbette, vigneron demeurant rue Monsallier, élu du premier jour, en 1900, fera encore mieux.
Il établira, durant quarante-trois ans, les comptes-rendus de séances et les listes d'appels d'une belle écriture penchée, calligraphiée, sans une faute d'orthographe ni une tache d'encre. Son proche voisin, Émile Poissonneau, charcutier rue Monsallier, est élu trésorier en 1902. II restera en fonction jusqu'à son décès en 1930.
Dès 1900, il y a un concierge rémunéré 100 F par trimestre. Il doit, de plus, entretenir l'éclairage au gaz acétylène pour 45 F par an. L'entretien du jeu de boules est assuré par un sociétaire qui perçoit, lui aussi, 100 F par trimestre.
Un autre membre est nommé "conservateur du mobilier et cavier" (le nom de caviste ne sera employé que plus tard). Son salaire évolue en fonction du travail effectué. Il est responsable de "l'outillage de la société".
En fin 1900, il existe 13 tables, 102 chaises, 5005 bouteilles disponibles, 1127 fillettes, 140 verres à Raphaël, 11 verres à absinthe, etc.... On peut constater que la toute jeune société de la Concorde dispose d'argent et d'un équipement complet.
La provenance de "l'outillage" n'est pas mentionnée dans les archives de la comptabilité. On peut supposer qu'il existait de généreux donateurs anonymes. La Concorde a trouvé son rythme de croisière. En 1908, l'Union de la Poissonnière invite, pour la première fois, la Concorde à un concours. "Il est accepté d'y envoyer quatre délégués". Il existe au moins deux jeux de boules de sable, car il est décidé que : "les jeux de boules de sable vont être nettoyés et rechargés". L'emplacement n'est pas précisé. Les recettes annuelles se situaient autour de 3.000 F avec une pointe de 4.109 F en 1909.
En fin d'exercice, il restait très peu d'argent en caisse : 29 F55 en 1902, 149 F85 en 1907, 153 F85 en 1912.
L'année 1913 marque la fin de la ségrégation envers les sociétaires extra-muros.
Aucune délibération n'en fait mention dans les comptes-rendus de séances, mais il apparaît que l'un d'entre eux devient membre titulaire après avoir acquitté son complément d'entrée.
Vers cette période, les héritiers Boutillier louent le bâtiment à M. Houdayer.
Pour quelle raison, la Concorde est-elle écartée ? Aucune trace de cet événement ne figure dans les archives.
Résultat : la société se replie là où est son jeu de boules.
En août 1914, la France entre en guerre avec l'Allemagne. Beaucoup de sociétaires sont mobilisés. À l'assemblée générale du 25 octobre, le président Jules Meslet propose de faire une "collecte en faveur des blessés militaires".
La quête s'élève à 31 F. Il est décidé à l'unanimité de "prélever sur la caisse de la société une somme de 30 F". La somme totale, de 61 F, est remise à Monsieur le Maire pour "être distribuée aux victimes de la guerre et en particulier aux prisonniers de la commune de Savennières". l'assemblée générale du 17 janvier 1915, il est décidé qu'en raison des circonstances que nous passons, le bureau restera le même que celui de l'année 1914 pour l'année 1915 et jusqu'à la fin des hostilités.
Par la suite, dans les comptes-rendus, il n'est plus fait allusion à la guerre et à ses victimes. Les assemblées se poursuivent au rythme de quatre par an.
Il ne s'y passe rien et les comptes rendus tiennent en quelques lignes, toujours les mêmes, seules les dates changent. À une heure et demie du soir, les membres du Cercle de la Concorde de Savennières convoqués par lettre se sont réunis dans la salle ordinaire de leurs séances sous la présidence de Jules Meslet, président. Après lecture du procès-verbal de la dernière réunion et du compte-rendu des recettes et des dépenses du trimestre, n'ayant rien à l'ordre du jour, la séance est levée. Dans les archives communales, il est noté qu'en 1916 et 1917, le jeu de boules est occupé comme cantonnement.
Chaque année, le président remettait en mairie une déclaration où figurait le nombre des sociétaires, des nouveaux admis, des démissionnaires, des membres décédés ainsi que le montant des cotisations et des droits d'entrée perçus. Ce document était visé par le percepteur et servait à établir le montant de l'imposition sur les sociétés.
En faisant part à l'administration de l'occupation du jeu de boules par la troupe, les responsables de la Concorde escomptaient, vraisemblablement un dégrèvement de leur redevance.
L'autre société de boules, "La Fraternelle", disparaît : dix de ses membres sont mobilisés et il ne reste que quarante-huit sociétaires.
Sa dissolution est prononcée le 25 octobre 1916.
Le 18 janvier 1919, le bureau d'avant la guerre est réélu. Le nombre des sociétaires est tombé à 57.
Monsieur Desbois, propriétaire de la parcelle du jeu de boules, est décédé pendant la guerre. Sa fille, Madame veuve Colin, refuse de renouveler le bail arrivé à expiration le 1er novembre 1919. Une prolongation de deux ans, accordée par la loi pour cause de mobilisation, retarde l'échéance.
Par la suite, une entente est vraisemblablement trouvée, car la Concorde reste dans ses murs. Dans le même temps, Madame Colin achète l'immeuble des Messieurs Boutillier et le loue au Docteur Gabriel Estève ainsi que le jardin où sera construit, plus tard, le jeu de boules actuel.
En 1921, afin d'assurer le service le dimanche, en l'absence du concierge, chaque sociétaire sera de chambre, à tour de rôle. L'enthousiasme ne doit pas être débordant, car, six mois plus tard, on peut lire : l'homme de chambre désigné qui refuserait d'assurer le service, aura une amende de 3 F.
Le projet d'éclairage de la société à l'électricité est adopté, à l'unanimité, en 1923.
Dans les années qui suivent, l'inflation apparaît. Les recettes augmentent considérablement, elles avoisinent les 30.000 F dans l'année 1927.
La raison principale est que l'effectif est remonté à une centaine de sociétaires.
Cette même année, Madame Colin vend l'immeuble, occupé par le Docteur Estève, ainsi que le jardin, à Monsieur le baron Brincard.
Le médecin quitte les locaux en 1929 et Monsieur Brincard fait construire le jeu de boules.
L'année suivante, la Concorde se réinstalle dans ses anciens locaux, moyennant un loyer annuel de 1.000 F.
Le temps des déménagements est terminé, définitivement.
Le jeu de boules construit en 1900 est démoli.
À la déclaration de la guerre, le 3 septembre 1939, la Concorde compte quatre-vingt-douze sociétaires ; vingt-deux sont mobilisés, quatre seront prisonniers. Le 21 janvier 1940, il est noté : vu les circonstances, les pouvoirs du Bureau sont prolongés d'un an. Vingt-cinq francs seront adressés à chaque sociétaire mobilisé.
Par la suite, c'est l'occupation allemande, les assemblées se poursuivent au rythme de quatre par an. Les comptes-rendus de séances sont aussi vides que ceux établis au cours de la guerre 1914-1918.
La réunion d'octobre 1943 n'eut pas eu lieu, la grande salle du Cercle étant occupée par l'armée d'occupation. Depuis janvier 1940, c'est la première fois qu'il est fait allusion, et encore de manière indirecte, à la guerre. L'activité du Cercle avait pourtant été perturbée. Un témoin de cette période se souvient d'avoir vu le jeu de boules couvert de paille et des soldats français qui couchaient dedans.
C'était en mai ou juin 1940, L'armée française se repliait face à la progression éclair de l'armée allemande. Par la suite, la Concorde a servi de plaque tournante au service de surveillance des voies de chemin de fer, organisé par l'occupant. Ce service de garde avait été créé pour éviter que les Résistants ne sabotent les voies.
Les Allemands avaient recruté des volontaires français qui supervisaient les hommes valides du pays qui étaient réquisitionnés, à tour de rôle, pour effectuer cette garde. Le 22 juillet 1946, de nouveaux statuts sont adoptés. Le "parrainage" d'un candidat est institué. Le principe des amendes est maintenu.
Il est formellement interdit d'amener au Cercle des habitants de la commune non sociétaires. Les étrangers accompagnés par des sociétaires seront admis sans rien payer. Les enfants des sociétaires ne seront admis aux jeux qu'à partir de seize ans et en présence de leurs parents. Ces extraits des nouveaux statuts démontrent que la réforme n'est en fait qu'un dépoussiérage des anciens textes.
Les dispositions restrictives sont, dans l'ensemble, reconduites. La décision de construire un jeu de boules de sable est adoptée ce jour-là. En décembre 1952, la Loire déborde pour la nième fois et envahit la Concorde et son jeu de boules. Le niveau du jeu est à ce moment-là plus bas que celui d'aujourd'hui. Afin de limiter les dégâts, plusieurs trous sont faits dans le jeu, comme à chaque fois, l'eau arrive par ces trous, ce qui évite que l'ensemble ne soit soulevé par la pression du liquide.
Ces désagréments répétitifs ne sont jamais mentionnés dans les archives. En 1953, Monsieur le baron Brincard, président d'honneur et propriétaire du Cercle, décède. Son fils, Charley, est élu président d'honneur à main levée. En 1954, les jeunes de 16 à 21 ans sont admis à La Concorde en leur faisant payer une demi-entrée et, chaque trimestre, une demi-cotisation. En 1956, Armand Régnier, retraité du casino d'Enghien, maire de Béhuard où il est aussi tenancier du restaurant "Les Tonnelles", est élu président.
Il sera réélu durant vingt ans. La proposition d'éclairage au néon, du jeu de boules, est acceptée par 60 oui contre 3 non. C'est en 1957. La Concorde compte, à ce moment-là, 125 sociétaires. Les réunions deviennent semestrielles : janvier avec cotisation de 200 F et amende de 200 F en cas d'absence et juillet avec cotisation de 200 F et amende de 100 F. Pour les plus de soixante-dix ans, 100 F de cotisation et pas d'amende.
Passé quatre-vingts ans, plus de cotisation. Le prix du droit d'entrée (qui était de 500 F) n'est pas mentionné. La décision de le supprimer n'a pas été consignée dans le registre des délibérations. Pourtant, il ne réapparaîtra plus. C'était en 1959. L'année suivante, les anciens francs deviennent centimes. Les étiquettes sont établies en NF (Nouveaux Francs).
Le 17 janvier, l'assemblée générale à laquelle assistent soixante-cinq sociétaires, fixe la cotisation annuelle à 5 NF et à 2 NF 50 pour les plus de soixante-dix ans. Les amendes sont supprimées et il est décidé qu'il n'y aurait plus qu'une réunion par an, au mois de janvier. Cette disposition ne tiendra que trois ans. En 1963, il est noté que : une seule assemblée générale annuelle est insuffisante.. Une seconde assemblée aura lieu autour de juillet.
En l'espace d'un an, le droit d'entrée et les amendes, deux règles instaurées depuis soixante années n'existent plus. Déjà en ce temps-là, les cotisations rentrent mal ; la liste des sociétaires concernés est affichée dans la salle de réunions, conformément aux statuts. La mesure ne semble pas efficace, car huit sociétaires qui ne payaient pas sont exclus.
A partir de 1965, la convocation des sociétaires se fait par voie de presse. Les convocations par lettre à domicile, comme l'on écrivait dans les comptes-rendus, depuis 1900, sont devenues trop onéreuses. Le jeu de boules à besoin d'être refait. Un sociétaire, Monsieur Clémot, accorde au Cercle, un prêt de 1.200 NF remboursable en dix ans, sans intérêt. Monsieur Clémot est nommé vice-président d'honneur.
En 1967, il se présente une situation peu banale. À l'assemblée du 16 juillet, il y a seulement douze sociétaires présents : le président décide de ne pas faire de réunion. Conséquence de cette réunion annulée, l'assemblée générale suivante décide, de nouveau, de ne plus faire qu'une réunion annuelle, en janvier.
La Concorde, propriétaire de ses murs. Un dossier important se présente aux dirigeants de la Concorde puisqu'il s'agit du devenir du Cercle. À I‘assemblée générale du 10 février 1974, le président, Armand Régnier, devenu maire de Savennières en 1971, annonce que Monsieur le baron Brincard fait don de la Concorde à la commune.
Le conseil municipal ne suit pas son maire et coupe court en refusant de prendre la charge du Cercle en tant que bâtiment communal. Monsieur Brincard propose alors de faire le don à la Concorde elle-même.
Les sociétaires acceptent. Les formalités administratives sont longues, mais au bout des difficultés, la société devient la bénéficiaire de la donation Brincard. Le 12 juillet 1975, le baron qui est le fournisseur principal du vin de la Concorde rend, à ce sujet, visite au Cercle.
Il se montre très intéressé par la boule de fort et accepte l'invitation à la finale du prochain concours Brincard.
Ce même jour, une plaque est apposée dans le jeu de boules avec cette inscription "Don de la famille Brincard".
Le notaire, Maître Berthaud, accorde la remise totale de ses honoraires.
Source Raoul Ménard
Comme vous l'avez constaté, à travers son histoire, la Concorde est une vieille dame centenaire. Jean Forêt eut l'honneur d'être son président de 1988 à 1991.
Baugeois d'origine, le petit Jean accompagnait régulièrement son père à la société de Saint-Martin-d'Arcé et ainsi fut initié, dès son plus jeune âge, à l'art de la boule de Fort. Il observait les joueurs, sérieux, concentrés, suivait avec passion l'objet roulant se dandinant avec lenteur sur la piste incurvée et dont le seul but était d'aller « biser le maître ». Ce ne fut qu'à 18 ans, à la société « Plaisance » de Sainte-Gemmes-sur-Loire qu'il eut le grand plaisir de rentrer dans le sérail des sages. Sa première partie fut fort décevante ; avec un sourire entre parenthèses, il se rappelle : Je n'ai pas fait un point, j'en étais très vexé et comme les usages le voulaient je dus « biser Fanny et payer une fillette ». Par la suite, je me suis rattrapé et j'ai gagné quatre-vingt-douze coupes en quarante ans de jeu ; j'ai créé une vitrine avec les plus belles et les autres, je les ai données, quelques-unes à mes enfants, quelques autres à des clubs.
Mon histoire avec la Concorde est longue et passionnante. Je devins adhérent en 1970, vice-président de 1985 à 1988. Notre président, à cette dernière date, était Marcel Gaudin qui, après un long temps de dévouement, demanda à laisser la place. Un nouveau bureau s'est alors constitué ; l'Assemblée Générale l'adopta. C'est ainsi qu'en l'année 1988, je me suis vu devenir président de la Concorde ; je le restais jusqu'en 1991. « La Concorde », «la Paix », « l’Union », « les Amis Réunis », «la Bonne Tenue », «la Fraternelle », une disparue qui existait derrière le chais de la Bizolière, voilà des noms qui sont colorés de plein de bonnes intentions, où l'on ressent le besoin de se rassembler et de communiquer.
À la fin du XIXe et au début du XXe, la France était en pleine crise morale et religieuse : aussi le règlement du jeu a-t-il interdit les conversations religieuses et politiques, les insultes, les coups, l'état d'ivresse, les jeux d'argent. Nous ne possédons pas d'archives sur les délibérations qui ont infléchi la décision pour le nom de la Concorde. La société, avec son jeu, sa buvette, sa salle de jeux de cartes, distille une atmosphère feutrée et sécurisante où le week-end et même le soir après le travail, on vient se détendre et s'informer des dernières nouvelles locales. À la Concorde, il y a une ambiance tranquille et amicale. La Société est l'association la plus ancienne de la commune.
La vitalité d'une société peut se mesurer aux nombres de concours et de challenges disputés au cours d'une année. Avant l'époque des «challenges», jusqu'en 1935 environ, des petits concours avaient lieu à la bonne franquette, seulement entre adhérents. La prolifération des challenges a quelque peu perturbé les habitudes : le jeu est devenu compétitif et bien souvent professionnel. En 1935, un premier challenge, appelé « le Faisan », eut lieu avec « 'Union » de La Possonnière.
La coupe fut offerte par M. de Romain. Durant quelques temps, il y eut quelques grincements entre nous. Depuis une bonne quinzaine d'années, les relations sont redevenues amicales et même privilégiées. Maintenant, la rencontre s'appelle « le challenge de l'amitié ». Les coupes sont offertes, à tour de rôle, par nos deux municipalités. Il y avait de très grands challenges, aujourd'hui disparus, tels le « challenge Cointreau » et cet autre sponsorisé par « Scania ». Il nous reste le « challenge Brincard », du nom de celui qui fit don du jeu de boules, et encore le « challenge Daniel Clément » qui, dans les années 1990/1997, réunissait des gens de toute la région et où on gagnait de très belles coupes ; il faut encore citer celui du « Conseil Général », « du Crédit Agricole », de «la Cave des Vignerons » et encore le « challenge Evasion » qui se jouait à trois joueurs contre trois, offert par Bruno Masson jusqu'en 2000. J'ai connu de très bons joueurs comme Serge Cosson, Paul Clément, Henri Taunais, François l'Herbette, Maurice Papet, Henri-Cyprien Lefeuvre, René Baranger .
Nous établissons nous-mêmes nos plannings ; cela se fait en fonction des relations amicales qui se sont nouées entre clubs. Allions nous mesurer, au plus loin, avec ceux du Mans et ceux de Saint-Nazaire, aujourd'hui nous pouvons nous déplacer plutôt vers Tours et Langeais. Les sociétés de boules de fort sont restées pendant longtemps des affaires d'hommes. Parmi nos sociétaires, il y a maintenant des femmes et des enfants.
Pour ce qui est des femmes, nous avions plutôt du retard. Elles ne firent leur apparition dans les équipes qu'en 1999, avec l'adoption du projet par l'assemblée générale. Il y avait déjà une vingtaine d'années qu'elles étaient admises dans les sociétés d'Angers. Les premières furent les épouses des sociétaires. Elles s'intégrèrent très naturellement, car c'était déjà acquis dans les mentalités. Aujourd'hui, elles sont 13 pour 180 inscrits. Elles jouent bien et sont souvent plus battantes que les hommes.
On vient en famille, c'est également tout naturellement que les jeunes font leur apprentissage. Il y eut une forte entrée de jeunes à partir de 1995. Pour bien jouer, il faut devenir calme, et donc laisser toute forme de stress à la porte. Il est nécessaire d'avoir une bonne position du corps, de se concentrer sur le geste,de sentir le contact de la boule dans la main, de visualiser le trajet, de combiner la vitesse de l'élan à donner avec les pentes du côté du jeu, d'amorcer le mouvement en insufflant avec finesse de la vie à la houle.
Ce n'est pas ici de la pétanque, la boule ne doit pas tomber sur le sol ; il s'agit seulement de lui fournir un quelque peu d'énergie et d'intelligence, pas facile à doser.
On pourrait voir dans ce jeu quelque apparentement avec le délicat jeu de billard. Imaginons notre joueur (rouleur), en position de génuflexion, ancré solidement au sol, caressant sa boule et la laissant s'échapper avec douceur sur le sol bien lissé. La boule, en équilibre précaire avec une paresse lascive, zigzague, se dandine, dodeline puis vient s'évanouir près du maître C'est le suspense et la passion, accompagnés de mots appropriés et colorés, rabelaisiens à souhait. Elle est «garce» ou «chiée» ou «demeurée» ou «bottée: etc...
Le jeu est tout neuf. C'est juste et ça, depuis 1998. C'est l'entreprise Desaunay de Longué qui l’a construit. Je crois qu'il n'y a dans le Maine-et-Loire que trois entreprises qui sont spécialisées dans cette activité : Desaunay (déjà cité), Margas, et Loiseau ; existe également un fabricant de jeux en terre battue, comme autrefois.
Les bâtiments appartiennent aux sociétaires, regroupés en association (loi de 1901) depuis 1974. Une plaque en ardoise est apposée évoquant le nom de la famille Brincard. Une boule qui n'est pas ronde. Les joueurs « chouchoutent » leur boule ; en fait, ils en possèdent une paire. La boule de fort est munie d'une vis baladeuse qui règle le fort.
Les fabricants de boules ne sont pas nombreux, peut-être cinq dans le Maine-Loire dont Desaunay à Longué, un à Tiercé, un à Allonnes. Pour conserver la boule en bon état, il suffit de lui donner de temps en temps un petit coup de toile émeri sur le fer du cerclage. Un jeu tout neuf, une boule bien entretenue ne suffisent pas pour faire des prouesses. Il faut encore de la pratique, beaucoup de pratique, de technique, de ténacité, de maîtrise de soi, d'observation, d'intelligence (tactique et finesse de jeu).
La boule est un véritable sport qui mobilise des facultés physiques et intellectuelles et également sociales et culturelles. Elle est une tradition populaire, de celles qu'il faut faire vivre. Les gens aujourd'hui sont très occupés, en conséquence, ne sont pas disponibles et manquent souvent d'assiduité : c'est pour l'avenir un problème de relève. Pourtant, il faut faire vivre ces jeux de boules qui appartiennent à notre patrimoine, car et comme le dit Émile Joulain en parlant d'elle : « Elle est ligérienne au même titre que les châteaux, l'alose, le saumon, les ponts suspendus, les sables des grèves, les peupliers, etc.» Les offices de tourisme en font maintenant un élément promotionnel de notre culture traditionnelle angevine.
Nous avons «la Bonne Alliance » à La Pointe, « La Scène » à Bouchemaine, « Bonne Tenue » à Epiré, « l'Union » à la Possonnière, « l'Avenir » à Rochefort, «la Fontaine » à Denée, « Concorde » à Savennières, ces huit sociétés font partie de la 3ème section de la Fédération des joueurs boule de fort de l'Ouest dont le président est André Abline ; il existe 384 cercles ou sociétés dans le Maine et Loire et quelques-unes en Loire Atlantique, Indre et Loire, Sarthe. Parfois coexistent, comme à Rochefort et St-Georges-sur-Loire, des jeux de boule de sable, un autre jeu original ancré dans la tradition angevine, pratiqué le long de la Loire, à l'ouest d'Angers.
Qui est à l'origine de la maison de retraite de Savennières et pourquoi lui avoir donné le nom de maison "Duboys d'Angers" ?
Une première donation a été faite «pour les pauvres de Savennières».
En mars 1873, M. Ernest-Eugène Duboys d'Angers dépose en l'étude de Me Jacob notaire à Savennières, un testament où il est écrit : «Je donne et lègue aux pauvres de la commune de Savennières en Maine et Loire, une somme suffisante pour leur assurer une rente annuelle et perpétuelle de cinq cents francs, laquelle rente ne pourra pour quelque motif que ce soit être aliénée ou détournée de sa destination...» Legs qu'il renouvelle le 10 mai 1877 d'une même somme de 500 f, soit 1000 f au total.
Qui est ce généreux donateur ?
Ancien maire d'Angers, nous lisons au début de l'extrait de son testament ce qu'il dit de lui-même : « De M. Duboys d'Angers, commandant de la Légion d'honneur, Premier président honoraire de la cour d'appel d'Orléans, ancien député, ancien maire d'Angers, propriétaire, demeurant à la Bizolière, commune de Savennières (Maine-et-Loire) décédé à Cannes le trente avril 1877, par lui fait olographe.» Ce dont témoigne l'acte de décès des registres de l'état civil de la ville de Cannes, car il y est décédé dans sa villa "Marie Hélène" , du nom de sa femme, Marie-Hélène Peltereau, dont il était veuf.
C'était un angevin, né à Angers, fils de Jean-Jacques Duboys (d'Angers) et d' Anne Juteau , "rentier" à Angers.
Il laisse deux héritiers : un fils, Gaston Duboys d'Angers, en Indre-e- Loire, et Alix Duboys d'Angers, épouse du baron Paul-Émile Brincard, demeurant à Paris.
Au mois d'août, ceux-ci acceptent le testament de leur père par-devant notaire, le legs sera accepté par le maire de Savennières en septembre. La liquidation de la succession de M. Ernest Duboys sera terminée en décembre 1877.
Un second legs, dont le but est bien précisé, sera offert par son frère, Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers ; il fait son testament à Cannes, lui aussi, le 15 mars 1881, testament qui sera enregistré à Paris, le 14 juin 1882. « Je donne et lègue à la Commune de Savennières, située dans le canton de St Georges, département du Maine-et-Loire une somme en capital de trois cent mille francs ; cette somme sera employée à fonder dans ladite commune un hospice destiné à recevoir les malades pauvres de la commune.»
Cet hospice portera le nom de "Hospice Émile Duboys" Cette inscription sera placée en gros caractères au-dessus de la porte d'entrée principale et de manière apparente. Suit une série de dons et d'instructions précises dont celles qui concernent son inhumation. Enfin, il dit : «,Je nomme pour mon exécuteur testamentaire mon petit-fils Maurice Delaire.»
Qui est Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers ? Frère aîné d'Ernest, il fut maître de requêtes au Conseil d'État et chevalier de la Légion d'honneur ; ce fut lui qui agrandit considérablement la Bizolière et fit tracer le parc au dessin et aux essences remarquables ; il fit construire par l'architecte Édouard Moll, l'actuel château.
Il décède à Paris, au 24 avenue Raphaël, son domicile, le 12 juin 1882. Son petit-fils, Maurice Delaire, est fils d'Alexandrine-Marthe Duboys, sa fille, décédée en 1878, et de Léopold Delaire, baron de Cambacérès. Acceptation par le conseil municipal de Savennières. Le testament est déposé en l'étude de Me Champetiers de Ribes, notaire à Paris. Le 13 août 1882, à 12 h, le conseil municipal de Savennières se réunit sous la présidence de M. Pichard, maire de la commune.
M. le Maire expose le testament de M. Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers et, après lecture, propose au Conseil de l'autoriser à accepter, au nom de la Commune, le legs fait en sa faveur, sous réserve de l'approbation de l'administration supérieure. Le Conseil, après en avoir entendu la lecture et en avoir délibéré, autorise Monsieur le Maire à accepter au nom de la commune le legs de M. Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers.
Quels sont les héritiers de M. Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers ? Celui-ci a une fille, Alexandrine-Marthe, mariée en première noce à Léopold Delaire, baron de Cambacérès. Ils sont les parents de M. Maurice Delaire, celui qui est nommé légataire dans le testament de son grand-père. En seconde noce, elle épouse Edmond-Jean, marquis de Vassart d'Hozier.
Elle décède avant son père en 1878, laissant 5 enfants mineurs. L'inventaire des biens a lieu le 23 août 1882 ; au vu de l'estimation du passif de la succession, un conseil de famille se réunit le 18 avril 1883 devant le juge de paix du 1er arrondissement de Paris ; à l'unanimité, juge de paix compris, le conseil de famille autorise M. le comte Vassart d'Hozier à renoncer purement et simplement au nom de ses enfants mineurs, à la succession de M. Jean-Jacques-Emile Duboys d'Angers. M. Maurice Delaire l'accepte.
Qu'advient-il du legs en faveur de la Commune ? Le 23 avril 1883, les héritiers signent la renonciation à cette partie de la succession.
Le 31 décembre 1884, devant M. Paul Dupuy, notaire à Paris, M. Maurice-Jean-Marie-Louis Delaire, comte de Cambacérès, lieutenant au régiment d'artillerie, comparait pour faire une donation ; il rappelle le décès et le testament de Jean-Jacques-Emile Duboys d'Angers ; il rappelle que le legs n'a pu recevoir exécution à cause de la situation de la succession.
En accord avec M. le marquis Vassart d'Hozier, son beau-père, gendre de M. Duboys d'Angers, il déclare : «voulant honorer la mémoire de M. Duboys d'Angers et désirant satisfaire aux intentions charitables exprimées par lui avant son décès, je déclare par ces présentes faire donation entre vifs et irrévocable à la commune de Savennières, la somme de trois cent mille francs égale au legs dont il est parlé plus haut laquelle somme, il s'oblige à payer et verser ès-mains de qui il appartiendra aussitôt que la présente donation aura été acceptée dans les conditions légales. » « Cette donation, précise-t-il, est faite dans les conditions suivantes : la commune de Savennières fera construire un hospice ou appropriera un immeuble pour cet usage ; cet hospice devra contenir une chapelle destinée à l'exercice du culte catholique». suivent les précisions quant au service de l'aumônier et au service des malades et à la représentation autant que possible de la famille dans la commission chargée de l'administration de l'hospice.
C'est le dimanche 18 janvier 1885 que le conseil municipal convoqué par lettres à domicile se réunit à la Mairie sous la présidence de M. Pichard, maire : il rappelle le legs de J.J.E. Duboys d'Angers, mêlant adroitement en un seul, l'écrit du legs et celui de la donation ; il rappelle la délibération du conseil de famille, la renonciation à la succession, et constatant la donation consentie par M. le comte de Cambacérès autorise le maire à accepter cette donation ; le conseil vote des remerciements à M. le comte de Cambacérès, remerciements que le maire est chargé de transmettre.
Le 25 mars 1885, le diocèse d'Angers transmet tout le dossier au ministre de l'Intérieur avec l'avis favorable du préfet de Maine-et-Loire.
Le Ministre autorise le Maire à accepter le legs.
Notons que la donation de M. de Cambacérès est nette de tous frais, droits et honoraires, ce qui libère la Commune d'une charge lourde de 33.000 fr, ce que pointe fort justement le Préfet dans sa lettre au ministre de l'Intérieur du 11.01.1886.
Le 30 mars 1886, la préfecture de la Seine présente à son tour la difficulté de la succession de Jean-Jacques-Émile Duboys d'Angers pour disposer de cette somme, mais le 15 juin, le ministre de l'Intérieur renouvelle au Préfet l'autorisation d'accepter le don, ce qui est signifié à la commune de Savennières le 18 septembre 1886 avec l'autorisation de constituer une commission administrative.
29 décembre 1886. Décret ministériel de la création de l'hospice en 3 extraits. Qui est vraiment le donateur ? Admirons la solidarité familiale à faire aboutir le projet.
Le Conseil municipal va alors décider de la mise en route de l'hospice. Deux projets seront soumis aux délibérations : acheter un terrain aux Complants pour une construction ou acheter la maison dite du Grand-Hallay ; c'est ce projet qui, après de vives discussions, sera retenu. C'est en septembre 1886 que la commission administrative de la Maison de retraite est constituée et acceptée par le Préfet. Nous avons connu cette première "Maison Duboys d'Angers" jusqu'en 2004.
Le 2 mai 1888, M. Vassart d'Hozier fait une donation de 65000,f en vue d'assurer la construction de la chapelle et d'assurer le service religieux dans les formes voulues par la donation précédente.
Le 14 juin de la même année, le conseil municipal de Savennières autorise la Commission administrative de l'hospice à accepter ce don.
D'autres personnes de Savennières y participèrent d'ailleurs
Et c'est le 3 septembre 1890, que les dix premiers pensionnaires s'installèrent dans l'hospice Duboys d'Angers en même temps que trois religieuses de Saint-Charles.
Les conditions d'admission étaient très précises : il fallait être âgé de 70 ans, être sans ressources ou dans l'incapacité de vivre seul et habiter la commune depuis au moins dix ans.
(Note du C. Port)
La 1ère pensionnaire fut la mère Guillou, note Paul Roussier.
À la séance de la Commission administrative du 24 octobre 1890, le règlement est adopté et il est précisé que 4 repas seront servis par jour et leurs heures de service.
Furent admis ce même jour : pour les hommes : Adrien Fouineteau, aveugle, Perrault d'Epiré si ses enfants paient 200 f annuellement, Gaudin Jacques si ses enfants paient 300 f par an, Liger dit Bonaparte s'il fait abandon de ce qu'il possède, Biche est refusé.
Pour les femmes : Mme Fouineteau refusée parce que moins de 70 ans, Vve Leroyer refusée n'ayant pas 7 ans d'ancienneté à Savennières, Vve Acari à condition que sa pension viagère soit versée à l'hospice, Vve Beliard admise à condition de verser à l'hospice sa pension et secours de l'État comme mère de soldats tués pendant la guerre de 70, Vve Martin dite Beaumartin admise, Vve Ruault admise.
En reconnaissance, à Savennières, la "Grande Rue" porte aujourd'hui le nom de rue Duboys d'Angers.
Monsallier et Leglou (cités dans le doc. d'archives) sont également de généreux donateurs. Pour mémoire, notons qu'à Epiré avant 1880, la comtesse de Las Cases fait construire sur son terrain la maison de retraite St-Charles avec hospice, école et infirmerie.
À la Possonnière, en 1890, Marie Barbarin lègue son logis à la commune pour y fonder la 1ère maison de retraite ; une rue porte son nom.
À St-Georges-sur-Loire, Mme de Jumilly, par testament en date du 9 décembre 1904, constitue au profit de la Commune une riche dotation destinée à construire un hôpital-hospice.
Aujourd'hui, en 2006, ces maisons continuent leur accueil, les bâtiments remis aux normes du jour.
La levée dite de Savennières ou de Saint-Georges-sur-Loire, partant du village de l'Alleud à La Possonnière, ferme au bout de 15 km, un val de 2400 ha et d'environ 500 habitants, par la RD 15, reliant le pont de Montjean à Champtocé.
Avant de s'intéresser à cette courte levée de 15 km, il faut connaître l'histoire générale des levées de la Loire. Le meilleur ouvrage en la matière est l'excellent livre de Roger Dion : « Histoire des levées de la Loire ». Il est consultable dans la salle de lecture des Archives départementales de Maine-et-Loire.
On y trouvera le rêve de Colbert, construire des levées insubmersibles.
Trois phases marquent l'histoire de cette levée :
1 - Du Moyen Âge au Premier Empire,
2 - Les grands travaux du XIXe siècle,
3 -La consolidation du XXe siècle.
Des Ponts-de-Cé à Nantes, il n'y a pas de grande ville à protéger. Les turcies ou levées réalisées auront vocation à protéger les terres agricoles. C'est ainsi que l'on trouve trace dans les anciens textes, de levées à Boyau ou à l'Alleud.
Par exemple, dans les archives de Serrant :
17 octobre 1673. Levées et turcies.
Contribution de bonne volonté. Listes de donateurs et de non-donateurs. « Ici sont les noms de ceux qui ont donné de l'argent pour faire les levées et turcies tant de l'Alleud que de La Possonnière suivant l'ordre qu'on avait de M. de La Gravole pour le commandement de M. de Serrant, le VI octobre 1673. » Signé Rousselet
La main d'oeuvre est composée de journaliers rétribués et d'hommes soumis à la « corvée », donc gratuite. « De par monseigneur le comte de Serrant, il est ordonné aux ex-après-nommés qui manqué de faire leurs journées à réparer la levée du Mortier-Louis qu'ils aient à s'y trouver mardi prochain, positivement à six heures du matin, autrement on ira chez eux de la part de mon dit seigneur pour les en avertir plus particulièrement ».
Sous le règne de Louis XIV , les religieux de l'abbaye de Saint-Georges-sur-Loire demandent au roi la permission de faire couper et vendre un bois de haute futaie pour réparer les brèches causées à la levée par les débordements de la Loire. Il faut attendre 1759, pour qu'un texte évoque des travaux sur la levée du Bouttonnier au Port-Girault sur Saint-Georges-sur-Loire. Devant l'inertie du propriétaire, le comte de Serrant, les riverains décident de réparer eux-mêmes leur levée.
Ce n'est qu'à la fin du XVIIIe siècle que des cartes plus ou moins précises nous décrivent l'emplacement de levées : dans le cartulaire de l'abbaye de Saint Georges-sur-Loire, référence H 1463, une vue fait état d'une levée au Port-Girault .
Les plans et illustrations de cet article proviennent des Archives départementales de Maine-et-Loire.
La carte de Cassini parue vers les mêmes dates précise la longueur de cette levée. Elle s'étire de Savennières au lieu-dit Le Bout-du-Bois, juste après l'actuel pont du Grand-Bras.
A-t-elle été construite pour protéger le Port Girault ? On remarquera sur cette carte que vers l'aval, il y a des marais.
Cinquante ans plus tard, on en reparlera. À la période révolutionnaire correspond un abandon de la gestion des levées.
Certains abus ou négligences graves des riverains s'accumulent engendrant une désorganisation administrative : il n'était pas rare « de voir prendre la terre au pied de la levée pour hausser son jardin ou sa maison, creuser sous la levée pour y bâtir une cave, creuser des puits au pied qui font ensuite siphons et puits artésiens par le poids de l'eau, lors des crues ». Il faudra tout reprendre.
Dans les cahiers de doléances de 1789, la paroisse de Savennières se plaint du problème de ruptures dans la levée : « Il est de toute nécessité indispensable de réparer la levée des ports Girault en la continuant jusqu'au boulevard de La Possonnière qui, à la moindre crue, la prée de La Possonnière et le village de l'Alleud sont inondés par les ruptures qui se sont faites et notamment à la Corsetterie, ce qui fait un tort incroyable aux riverains dont Saint-Germain en est on ne peut plus incommodé ».
En résumé, à la veille de la Révolution, de nombreuses levées existent de Savennières à Ingrandes. Elles sont privées : le seigneur de Serrant en possède à l'Alleud, à Champtocé et à Ingrandes ; l'abbaye de Saint-Georges à Boyau. L'entretien dépend de la bonne volonté des propriétaires. Ils ne s'exécutent souvent que sous la pression des fermiers du Val. C'est si souvent à refaire...
À la période révolutionnaire, les finances nationales servent à défendre la République plutôt que les terres agricoles, il faudra tout reprendre
État des levées de Savennières à Ingrandes après la Révolution.
Un document trouvé aux Archives départementales, réalisé en 1810, nous donne une vue très précise de l'état de ces levées à cette date.
Il y a continuité des levées privées de La Possonnière à Montjean. De nombreuses brèches existent d'un bout à l'autre, et souvent à chaque brèche correspond un boire sans doute, créé par le flot lors de la rupture.
Àl'évidence, il n'y a quasiment plus de protection du Val.
De façon anecdotique, on notera que Chalonnes et Montjean possèdent deux ports : l'un durant les hautes eaux rive gauche de la Loire et un pour les basses eaux rive droite.
Le barrage du pont de l'Alleud en 1904 résoudra le problème, en déviant l'eau vers Chalonnes.
La Révolution passée, malgré les investissements dans les routes pour le transport des armées, Napoléon va s'intéresser à notre Levée de Savennières. Ceci, à la demande du comte de Serrant, Antoine Walsh et son épouse, Louise de Vaudreuil, ancienne dame de compagnie de l'impératrice Joséphine.
Les premiers travaux sont adjugés le 22 juin, 1807.
La portion Savennières-La Possonnière est abandonnée. La levée rejoint le coteau à l'Alleud.
En conséquence, l'ancien bras du Mortier est condamné. Les travaux s'arrêtent avant le lieu-dit « Les Sablons ».
Les travaux consistent à puiser de la terre dans le val et à l'entasser sur la levée : ce sont les « chambres d'emprunt ».
Napoléon, exilé à Sainte-Hélène, il va falloir attendre 1825 pour que des projets de réalisation d'une levée plus solide de La Possonnière à Montjean voient le jour. D'après R. Dion, la réalisation de cette levée avait pour but d'assainir les marais de Saint-Germain-des-Prés où régnait la fièvre paludéenne.
D'après le même auteur, les paysans recherchent des petites levées de 4 mètres de hauteur, n'interdisant pas la submersion. Le dépôt alluvionnaire des crues fertilisent les sols.
Grâce encore à Bonaparte, le cadastre de 1835 va nous donner beaucoup d'informations sur l'état du chantier. Des travaux sont en cours, puisqu'en 1824 le Préfet avait un projet et qu'une adjudication existe en 1827 . La commune de la Possonnière n'existe pas encore, c'est un quartier de Savennières, mais le cadastre de 1835 existe.
Prenons dans l'ordre, sur la carte de Cassini, la levée débutait à Savennières. Ici, on voit très bien la route de raccordement de l'Alleud à la Loire, qui se poursuit vers l'Ouest.
Le trait plein signifie que cette levée est terminée. Par contre, on constate que la boire du Mortier est déconnectée de la Loire
Le trait plein se poursuit jusqu'à la Maltête, ensuite, le trait est en pointillé. La levée n'est pas terminée, mais peut-être en travaux.
Passons à Saint-Georges-sur-Loire, le contournement du hameau du Port-Girault semble réalisé.
Après le Grand-Bras, la levée n'est pas terminée.
Champtocé, entre la Jamètrie en limite de Saint-Germain-des-Près et la Basse-Parque auprès de la future route de Montjean à Champtocé, il n'y a pratiquement rien, si ce n'est une ébauche vers l'est.
La future RD 15 passera au lieu-dit La Basse-Parque.
Un premier pont s'ouvre entre Saint-Georges-sur-Loire et Chalonnes en 1841 et celui de Montjean est inauguré en 1855.
Les grands travaux du XIXe siècle. En 1835, des tronçons de levée sont terminés, d'autres n'existent même pas.
Il reste beaucoup à faire, et en particulier, le val est grand ouvert à l'ouest.
La fermeture du val entre Montjean et Champtocé dépend du comte de Serrant propriétaire d'une levée privée de Montjean à Ingrandes.
On verra dans l'histoire administrative, que des tractations ont eu lieu pour que cette portion de levée soit incluse dans l'ensemble des travaux de la levée de Savennières.
Un premier pont s'ouvre entre Saint-Georges et Chalonnes en 1841 et celui de Montjean est inauguré en 1855.
Cette date sonne la fin des travaux de la levée de Savennières et de Serrant ! Quelques documents anciens illustrent ces travaux.
On construit des murs de soutènement, on charge la levée avec des enrochements, on construit des « perrés », c'est-à-dire un mur de pierres en pente douce du côté du fleuve :
L'affiche publicitaire expose le projet de travaux sur toute la commune de Saint-Germain-des-Prés.
Le projet de la Levée est loin de la forme qu'elle connaît aujourd'hui.
Les travaux sont inaugurés en grande pompe avec le pont de Montjean en 1855. Ces travaux se sont-ils réalisés en accord avec la population ? On peut en douter en parcourant le mémoire du syndicat du 9 avril 1844. Résumons les pages du document :
Cette funeste série de crues relance la réflexion. Les grandes dynasties familiales d'avant la Révolution ont disparu avec leur vécu et la nouvelle administration n'a pas les connaissances suffisantes pour mener à bien des programmes de grands travaux. Les levées sont remises en cause.
En effet, des ingénieurs pensent qu'elles font monter le niveau des eaux et accentuent le caractère torrentiel des crues. On élabore de nouveaux plans de défense avec, comme bonne solution, la construction de barrages en amont, et de déversoirs, mais pour l'instant, ces aménagements coûtent trop cher.
À partir de 1855, les travaux réalisés concerneront soit des réparations, soit des consolidations. Tous les travaux annexes font l'objet d'une expertise et d'une autorisation des ingénieurs responsables de la levée : construction de cales, de bâtiments appuyés sur la levée, etc. Un arrêté départemental de 1854, impose un recul de 6 m de la levée pour les constructions de bâtiments.
L'abbé Joncheray, curé de la Possonnière, rapporte : « En 1871/1872, on établit une murette de 0,5 m sur le côté de la levée regardant le fleuve afin d'empêcher, en cas de grandes crues, le vent de lancer des lames sur cette voie et afin de préserver les voitures contre les versements. La levée est surveillée, jour et nuit, quand la Loire atteint la hauteur de 4 mètres.»
Ces veilleurs sont des riverains, lesquels sont nommés et soldés par le syndicat des levées.
Côté fleuve, le parcours de la levée n'épouse pas la rive. Il s'en approche au plus près ou bien en est éloigné de plus de 100 mètres. Pour accéder à ces terres, voire à ces maisons dans le lit de la Loire, il faut ménager des accès à travers le muret de crête et la descente vers les terres et les prés. On appelle ces dessertes des cales, des portes.
Il y en a 89, toutes numérotées. Quelquefois, ce sont de simples escaliers.
Côté Val, le même problème d'accès aux terres existe. Il faut donc aussi construire des cales, mais moins solides.
Rappelons qu'autour de 1850, trois gros chantiers étaient menés de front dans notre région : la construction de la ligne de chemin de fer Angers-Nantes, la réalisation de la RD 961 reliant Cholet à Segré, et la énième consolidation de notre levée.
De 1856 à 1897, 7 crues autour de 6 mètres à Montjean, ébranlent la levée. Déjà en 1864, une première étude est faite pour consolider cette levée.
C'est dans la dernière décennie que l'on refait des perrés, en particulier au Port Girault, la Guibrette et au Cœur du Roi.
En 1897, on refait le pont sur la RD 15 avec les portes qui isolent le Val. Pour réparer, on puise de la terre dans les parcelles voisines, ce qui ne fait pas que des heureux, témoin la réclamation d’un propriétaire qui demande un déclassement de sa parcelle pour payer moins d’impôts .
En février 1906, la levée est jugée « insuffisante » et « l'aménagement de la Loire navigable » fait craindre le pire aux riverains (construction du barrage de l'Alleud).
Le conseil municipal de La Possonnière considère que « l'état de la levée dite de Savennières » est insuffisant pour assurer la sécurité des habitants de la vallée ; qu'en 1904 notamment, cette levée a donné des craintes telles que le préfet de Maine-et-Loire est venu en personne conseiller aux habitants de déménager et leur a envoyé lui-même de Montjean des voitures pour les transporter.
Le Préfet répond qu'il conviendrait d'exhausser et d'étancher cette levée plutôt que de la consolider, mais que si les intéressés insistent pour ce dernier travail, le service de la Loire étudiera la question.
Décembre 1910 : deux affluents de la Loire, la Vienne d'une part, la Maine d'autre part, sont en très forte crue.
La conjonction des deux crée une onde de crue énorme en aval des Ponts de Cé : la Loire atteint la cote 6,78 m à Montjean. La levée ou plutôt la RD 15 craque en face Montjean. L'eau se précipite dans le val : il se remplira en 12 heures.
Le niveau du fleuve n'accusera pas la moindre baisse due à cette « décharge ». Le problème de la route devenue la RD 210, de l'Alleud à la Possonnière au pont de Montjean. On a vu que, en 1844, l'État veut réduire la plate-forme à 3 m de large et qu'il n'est surtout pas question de route, pas même de chemin. Jusqu'à la construction des trois ponts en 1841, il n'y a pas de passage direct Saint-Georges et Chalonnes.
Il y a trois possibilités :
Cependant, la circulation sur la Levée est interdite. Le 20 avril 1845, une lettre des Ponts et Chaussées autorise, et pour une durée d'un mois, à titre exceptionnel, les riverains à emprunter la levée pour sortir les récoltes.
En 1873, les travaux d'empierrement de la chaussée en tête de levée sont mis en adjudication. Même le Conseil municipal de Chalonnes s'en préoccupe en 1922.
Ce n'est que le 20 août 1953, que cette route est classée voirie départementale sous le nom de RD 210. Elle est depuis goudronnée.
Cependant, elle est interdite aux véhicules lourds et aux transports de produits dangereux, ceci pour protéger la Levée et les puits de fourniture d'eau potable.
Les premiers travaux engagés par Napoléon 1er sont adjugés le 22 juin 1807. Un décret du 16 août 1808, rend exécutoires les rôles dressés par le Préfet afin d'assurer le paiement de la portion contributive mise à la charge des propriétaires riverains. Cela veut dire clairement que les riverains devront mettre la main au porte-monnaie.
Dans un nouveau décret du 30 octobre 1813, l'article 1 stipule que la portion contributive des propriétaires intéressés est fixée au tiers de la dépense, les deux autres tiers étant à la charge des Ponts et Chaussées. Cette répartition s'appliquera jusqu'au XXIe siècle. Le dernier appel de cotisation syndicale a eu lieu en 2008.
L'article 3 précise qu'une Commission spéciale sera constituée. Il faut bien recenser les propriétaires des terres et maisons submersibles pour connaître leur capacité contributive en fonction de leurs propriétés. Pour la petite ou grande histoire, le texte se termine ainsi : « Par l'Empereur et en vertu des pouvoirs qu'il nous a confiés. » Signé : Marie-Louise. L'émancipation de la femme commençait ! L'ordonnance du roi Charles X du 2 février 1825 va créer la structure de gestion de cette participation financière des riverains. Voici l'article 1 : « Les propriétaires des terrains submersibles situés sur les communes de Savennières, Saint-Georges, Saint-Germain et Champtocé, département de Maine-et-Loire, depuis l'Alleud jusqu'à la Jamétrie, sur la rive droite de la Loire, formeront une société sous le nom de Communauté des levées de Savennières ».
Dans les articles qui suivent, cette communauté sera administrée par un syndicat composé de 5 membres nommés par le préfet et pris parmi les propriétaires les plus imposés. Le syndicat est spécialement chargé de la confection de l'état général, portant les noms des propriétaires de toutes les terres assujetties à inondation. Il donnera son avis sur tous les objets relatifs aux intérêts de la communauté, toutes les fois qu'il sera consulté par l'administration, et lui adressera spontanément toutes les observations qu'une surveillance active continue lui donnera lieu de faire.
L'ordonnance est signée du roi, Charles X et du conseiller d'État, secrétaire général du ministère de l'Intérieur, un dénommé baron Capelle.
Napoléon III, le 23 octobre 1855, à la demande de monsieur de Serrant, autorise la réunion de la « levée de Serrant » à celle du syndicat de Savennières, et modifie, par décret, la dénomination du dit syndicat. Il se nomme Syndicat des Levées de Savennières et de Serrant. Cela tend à dire que Serrant était propriétaire d'une levée privée aboutissant à la route de Montjean à Champtocé et qu'elle rentre dans la compétence du Syndicat. Rappelons que les châtellenies de Champtocé et d'Ingrandes étaient propriétés de Serrant durant au moins tout le XVIIIe siècle.
Un décret du Conseil d'État, du 2 avril 1913, précise la situation de la levée supportant la route départementale n° 15 de Montjean à Champtocé : elle est classée parmi les ouvrages de la défense du val de Savennières. Le département de Maine-et-Loire est chargé de la totalité de l'entretien de la chaussée de cette route. La répartition des charges d'entretien du reste de la levée entre les différents protagonistes est complexe.
Le 25 octobre 1924, le président de la République française, Gaston Doumergue, signe un décret changeant le nom du syndicat qui devient le Syndicat des levées de Saint-Georges-sur-Loire. Ci-dessous un avertissement, donc une injonction à payer, pour la commune de Saint-Georges, sa participation aux charges du syndicat, pour ses propriétés dans la vallée.
En 2012, le syndicat des levées de Saint-Georges est dissous, et les compétences des trois syndicats de Saint- Georges, de la levée de Montjean et celle de la Divatte à Saint Florent-le-Vieil sont réunies dans un seul syndicat.
La conséquence de la fermeture par la levée du val, fait qu'il fonctionne comme un réservoir : il collecte les eaux du coteau et c'est pourquoi un ruisseau est calibré, le ruisseau de la Loge, et qu'un pont est réalisé sous la route D15 entre Montjean et Champtocé pour l'écoulement des eaux. Lors d'inondations, il ne faut pas que l'eau envahisse le val par l'aval : des portes sont installées au niveau du pont et fermées en cas de crues.
Pour gérer ce petit ensemble, ruisseau et portes, un syndicat a été créé en 1962 : le syndicat du ruisseau de la Loge. Voici la liste des communes concernées : Bouchemaine, Champtocé, La Possonnière, Saint-Georges-sur-Loire, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Jean-de-Linières, Saint-Léger-des-Bois, Saint-Martin-du-Fouilloux et Savennières.
Depuis le transfert de la gestion à la Communauté de commune Loire-Layon-Aubance, ce syndicat est dissous et sa mission transférée à un autre syndicat départemental.
Il faut réparer les dégâts de 1910. En 1913, les experts font part de leur analyse et le plus urgent est la remise en état de la route D15. La Grande Guerre arrive, et ce n'est qu'en 1920 que les réparations seront entreprises.
1 - Concernant la levée :
2 - Concernant la RD 15 :
Pour cette dernière réalisation, autorisation est donnée de puiser du sable en Loire, au lieu-dit la « Boire du Pot ». La levée prend sa forme actuelle.
Il y a plusieurs aspects à cette gestion : l'entretien de l'ouvrage, sa protection en cas d'inondation et la prévention.
Jusqu'en 2013, le syndicat entretenait la levée avec l'aide du service maritime (Voies navigables de France) et de la Direction départementale de l'équipement DDE. Sa mission comprenait l'entretien courant de la digue, son renforcement éventuel, ainsi que sa surveillance, en période normale, comme en crues. (Plan de surveillance des Levées).
Au printemps, il est réalisé un désherbage des cales et des escaliers, et en novembre, un fauchage et un débroussaillage côté Loire et côté Val. (Maintenant interdiction d'utiliser des herbicides). Les travaux à réaliser sont confiés à des entreprises privées : (20 000 euros en 2008) Il est aussi responsable de l'entretien des perrés, des cales et des portes qui les ferment, lors des crues, du passage du ruisseau de la Loge vers la boire de Champtocé, au niveau de la RD 15.
Premièrement, il s'agit de maintenir le tout en bon état et de corriger les anomalies : contenir la végétation, réparer les dégâts faits au muret, entretenir les cales, etc.
Deuxièmement, s'assurer que les interdictions sont respectées. Il est curieux de s'attarder aux vieilles interdictions : « 1665, sous Louis XIV : interdiction d'attacher les bateaux, ancres et cordages aux levées, ni aux arbres, pieux et chantiers qui sont devant ou au-dessus d'icelles, ni d'approcher de plus près de 15 toises. (30 mètres).»
1733, sous Louis XV :
Interdiction d'enlever des pierres aux levées et turcies,
Interdiction de planter des arbres, de labourer, de creuser des puits, caves, fossés à moins de 10 toises (20 mètres). Si l'on construit des bâtiments, les fondations ne feront pas plus d'un pied dix-huit pouces de profondeur, que les façades seront éloignées d'une toise (2m) et que l'espace entre la levée et le bâtiment sera rempli de terre.Iinterdiction de faire pâturer des bestiaux sur le couronnement et les talus et banquettes.
La maintenance actuelle est organisée en deux types de visites : visite annuelle voire tous les deux ans, puis une visite plus approfondie tous les cinq à six ans.
Quand une'inondation survient, tout un dispositif de surveillance se met en place. Il faut d'abord connaître les prévisions. Avant internet, chaque jour, un télégramme arrivait dans les mairies, avec la cote du jour et les prévisions pour les trois jours suivants.
Aujourd'hui, par message électronique, les maires reçoivent la même information et l'on peut consulter en temps réel avec « Vigicrue » le niveau de la Loire à Montjean. À la côte 5,5 mètres à Montjean, une brigade de surveillance est mise en place. Elle était composée essentiellement du personnel de la DDE avec des riverains et était présente 24 h sur 24. Il s'agit de détecter toute anomalie dans cette levée. En particulier, côté val, il faut surveiller toute arrivée d'eau en provenance du corps de la levée. Cette eau peut provenir d'infiltrations importantes ou de galeries creusées par des animaux. Ces galeries sont appelées des « renards » par les riverains.
Il est impératif de juguler au plus vite ces renards, sinon, la levée va se détruire de l'intérieur.
Souvent, des camions d'enrochements sont placés en attente pour intervenir au plus vite.
Ensuite, si la Loire monte, on place les batardeaux. Ces portes sont actuellement stockées sur Saint-Germain et Saint-Georges. On ajoute des sacs de sable aux pieds des portes. On prie alors pour que l'inondation s'arrête.
Un bâtiment sur la levée contient ces portes. L'accès est entièrement libre. Sont-elles toutes présentes ? À quoi servent ces poutrelles. Qui connaît l'utilisation ? À la côte 6 m à Montjean, le Préfet fait appel à l'armée. Un arrêté préfectoral de 1919 précise les modalités d'intervention de l'armée : titre, « Sauvetage des populations en temps d'inondation ».
On passe des processions du Moyen Âge à une réflexion approfondie sur les risques menaçant les personnes et les biens. 1995 : la loi Barnier impose la réalisation de plans de prévision des risques naturels : PPRN.
C'était le projet de Colbert, en 1668. La Loire est soumise à deux influences climatiques : l'océan Atlantique vers l'ouest et la méditerranéenne dans sa partie amont. Cela définit trois types de crues : atlantique, cévénole, et mixte (la conjonction des deux).
L'inondation de 1910 est du type atlantique et celles de 1856 et 1866 sont cévénoles.
La probabilité d'une inondation mixte existe.
Voici les facteurs favorables pour une protection totale du val :
Il vaut mieux prévoir, on ne sait jamais.
L'avenir dira si Colbert, et ses digues insubmersibles, avait raison.
Denis Mercier
Deux dents d'Elephas primigenius ont été recueillies dans un mince dépôt superficiel, à très peu de distance verticale comme horizontale de la plaine d'alluvions récentes (rens. de E Preaubert qui a présenté une de ces dents à la séance du 10 octobre 1920 de la Soc. d'Et.. Scient. d’Angers).
Source : bulletin de la Société géologique de Bretagne, 01/01/1921
N. 32. — Fragment de mosaïque, trouvé à Savennières. Don de M. Legloux en 1849.
N. 46. — Deux cercueils en pierre coquillière, l'un grand et l'autre petit, provenant d'un ancien cimetière, découvert dans les terrains de M. Legloux à Savennières. M. Legloux, donateur. (Toussaint.)
N. 163 — XVe siècle. Un devant de bahut trouvé à Savennières. M. Fleury, donateur en 1844.
N. 187. — Vraie croix en bois d'olivier incrusté de nacre et d'ivoire, faite à Jérusalem. Elle provient de l'église de Savennières en 1856.
N. 193. —XVe siècle. Une paix représentant Jésus en croix entre la Vierge et Saint Jean. Ce bas-relief, trouvé à Savennières, a été donné en 1847 par M. L'abbé Allaume.
N. 325. — XVe siècle. Boutons en cuivre liés par une chaînette. Gage d'union. Sur un bouton est le monogramme du Christ : IHS; sur l'autre la légende : MOVRONS UNIS, deux coeur enflammés. Trouvé à Savennières.
N. 347. — Grand coffre avec devant, champ levé, représentant une scène dont la signification nous est inconnue. On croit que ce meuble pourrait bien être d'origine italienne. Il provient du château de Varennes, près de Savennières.
Sources :Musée des antiquités d’Angers
On a découvert dans le choeur d'une autre église, sise au même bourg, mais aujourd'hui détruite, les restes d'une mosaïque formée de petits cubes en pierres, fixés dans un bain de mortier. Un fragment de cette mosaïque se voit au musée d'antiquités.
Deux nymphéa ou grottes, creusées dans le rocher et renfermant chacune des eaux de source, existent sur la commune de Savennières.
Source : Revue archéologique d’Anjou du 01/01/1862
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